samedi, octobre 28, 2006

Cette Indifférence...


Il marche sur un trottoir bondé de monde, Il fait très froid. Il a les deux mains dans les poches et avance comme un robot. Il voit tout le monde. Fait attention à tout. Sa tête pivote de gauche à droite. Le décor l’intéresse. Un petit garçon a échappé sa peluche. Il la ramasse et la tend au môme. La mère ne remarque rien. L’enfant lui sourit et tente de le suivre du regard. « Faut vite aller pour ne pas manquer le métro lui lance sa mère ». Il se perd dans les allers et venues des passants. ON le bouscule. Et ON ne le voit pas. Il marche sans but et traîne les pas qui font de grands bruits. Ses lèvres font des mouvements rapides. On dirait qu’il se parle à lui-même. Il soliloque et laisse pousser des sons. Personne ne l’entend. Personne ne le voit. Il rentre dans sa bulle. Là il attaque à tord ou à raison, critique. Parfois il est hors jeu. Tout va de travers.
« Ma place ma place » il s’écrit subitement. "J’ai perdu ma place". Personne ne s’en rend compte. Personne ne le remarque. "J’en ai marre!! s'écrit-il en donnant des avertissements et des coups de pieds dans le mur en sortant du bureau de poste. Encore une fois zéro courrier; Quédal. Quelques factures et du « Junk c’est tout ». Il hurle. « L’ennuie me monte au cerveau ». « Toujours personne. On est combien de milliard déjà là ? Jamais personne» ooh! ooh! Lance t-il a une passante « regarde, j’ai une nouvelle chemise elle est rouge". La passante l’a ignoré. IL crois qu’elle ne l’a pas vu. Personne ne le voit.
On est vendredi soir. Il est 22h. Une énième fois seul dans son chalet. C’est une nuit de la fin d’été. Le vent est doux mais les moustiques sont encore présents. Il entend des bourdonnements pendant qu’il prend son dernier verre sur la terrasse. Ça été comme ça tout l’été. Les moustiques, toujours eux. Jamais rien d’autres que des moustiques. Il est agacé et laisse échapper un juron. Ensuite se parle à lui-même encore « Ce n’est pas un refuge ici dis donc» « Je suis seul partout, ici ou ailleurs. peut importe »
C’est sa troisième de la soirée, un cépage australien avec un petit pingouin sur l’emballage. Ce n’est pas « cheap » (mauvaise qualité) comme vin. De toute façon il les préfère fruités. Celui là fait bien son affaire. Il l’a vidé sans en déboucher une autre. C’est peut être sa dernière de la soirée. C’est toujours comme ça.
Il se lève d’un geste brusque la tête entre les deux mains et se frotte les yeux. La boite à pharmacie ne doit pas être loin pense t-il... Elle n’est pas toujours loin à cause de ses migraines répétées. Il ralentit pendant quelque seconde, s’arrête, traîne les pas. Il a un flash. Je crois qu’il cherche dans sa mémoire. Mais rien ne vient. Toujours RIEN. C’est toujours ainsi. Il franchi le seuil de sa cabane en s’agrippant à la porte. Il n’a pas eu besoin d’appuyer sur l’interrupteur. Il tâte des mains et touche une boite. C’est sûrement elle. Jamais loin. Il prend un petit soupir ravale sa salive. Il a encore un flash, Il cherche encore et encore dans ses souvenirs rien. Ses mains se crispent et serrent le flacon de pilule qu’il tenait. C’était comme s’il attendait que sa mémoire trouve des choses. Mais rien. Quelques secondes ont passé RIEN. Le flacon vide roule, roule et termine sa course sous l’escalier de bois de la terrasse. C’était la dernière de la soirée. TOUT EST DEVENU RIEN.
FIN.

C’est la VIE et la FIN de Gontran, Gontran( un prénom fictif ) était un voisin qui occupait le rez-de-chaussée de l’immeuble ou j'habitais il ya quelques années. Je rentrais chez moi presque toujours entre 18 heures et 21 heures. Entre 18 heures et 21heures, Gontran était toujours là. Allongé dans son canapé. La lumière feutrée de la télé bruyante l’enveloppait; Toujours là. Seul. La même position dans le canapé. À cette époque, je ne me posais pas beaucoup de questions. Gontran n’existait pas pour ces gens dans la rue, il n’existait pas pour moi non plus. Je l’ai peut être bousculé ce matin là aussi sans m’en apercevoir. On a tous appris l’existence de Gontran aux nouvelles à la télé. Et c’est comme ça. C’est toujours comme ça.

Lève ta tête et regarde moi. Ne m’ignore pas j’ai besoin que tu me vois que tu me sente. Pour que j’ai la chance d’exister. Sinon sans toi, je suis vent, sans toi je suis transparent. Je n’aurais pas donné de coup de pied dans le vide si je n’existais pas. De toutes les façons pour toi je n’existe pas. Ton indifférence me transporte dans le néant.
Si tu choisi de marquer ta différence je suis d’accord. Je le prends volontiers.
Soit qui tu es, mais me vois moi. Parle moi.
On ne s’en aperçoit pas, notre indifférence à l’égard de gens pourtant si proches peut les mettre dans un état de souffrance qu’on ignore. On ne les voit pas tout simplement ils n’existent pas.
Comment quelqu’un qui se fait enlever le droit d’exister à son insu puisse se sentir membre d’une société morale? Alors il s’enferme, se repli, C’est le début de la fin. Plus rien n’existe pour lui. Il ne croit plus en la vie tout devient RIEN. Combien de gens aimeraient se faire une place. Ma place, sur un banc vide du parc, Ma place dans l’autobus, ma place à la mosquée ou au temple. Juste une place. Je veux être vu, entendu. Je veux participer aux spectacles de la vie, voir les gens passer, entendre les chats miauler, entendre les autres vivre et être entendu. Je veux voir le monde mais après tout, je veux aussi être vu. Je n’ai pas le choix, Je suis déjà là. Maintenant je veux simplement être vu. Descartes l'a si bien dit. " si j'existe alors l'autre existe aussi. Il est un autre moi. Une autre conscience" Si toi qui dois me donner le droit d’exister m’ignore et ne sais même pas que j’ai besoin de ton regard pour ETRE alors tu me tues.

Dans le regard de l’autre nous espérons une invitation, une amitié. Le regard de l’autre nous octroie un rôle social. Nous avons une place; un droit d’exister. Même dans la différence on apprend à s’apprécier et apprécier l’autre. Le partage et l’élan vers l’autre n’auraient eu aucun sens si je devais être confondu à l’autre.
Indiscutablement, il n’y a rien de méprisant que l’indifférence vis-à-vis d’une personne. Si j’ai à choisir alors Je préfère ta différence à ton indifférence.

... qui Tue

4 commentaires:

Anonyme a dit…

slt
Bonsoir,
épatante histoire,elle lesse son visiteur la relire plusieurs fois sans en avoir marre;bon style,idées coordonnées,vocabulaire simple et peut être assimiler par tous les niveaux.L'écrivin a un avenir de "bouquins"....
Bisous
aababa1954@yahoo.fr

Anonyme a dit…

C'est une histoire triste et réaliste qui décrit bien la vie de beaucoup de nos proches.

Un simple bonjour et un sourire peu sauver des vies.

Ce texte est très bien écrit.

Anonyme a dit…

C'est triste parce que tellement vrai. Toutes les vérités font peur dès qu'elles sortent de l'ombre...
Ecarterons-nous cette ombre un jour autant qu'on choisit d'écarter les choses si simples qui donnent un sens à toute une vie? Il faut du temps, je crois.

Merci, cher bloggeur que je viens de découvrir par hasard. Tu nous donnes l'espoir que la sensibilité existe encore...quelque part.

Et bravo pour le style.

PriscaLou a dit…

Merci à vous tous pour vos commentaires encourageant dans ce combat qui a pour objectif de changer de la vie de bien de gens avec de petites choses. J'espère que vous serez l'echo de ma voix peut importe ou vous êtes. Merci et sachez que déja par ces critiques vous changer déja d'autres vies