mercredi, novembre 01, 2006

Vivre et en être fier

Récemment, J’étais invitée à une cérémonie d’assermentation des nouveaux citoyens canadiens. Une cérémonie de toute beauté ; On voyait à quelle point ces gens étaient heureux. Ils avaient certainement compté chaque minute de leur vie jusqu’à ce moment.
Enfin ils y étaient. Chacun avec son histoire, ses souvenirs laissés quelque part dans un autres pays. Que de sacrifices pour d’autres. Le plus important c’était aujourd’hui le jour J. Comme le disent si bien les paroles de cette chanson « Looking back over my shoulders… I never wanted to say goodbye ». Mais ils ont dû dire au revoir quand même.
Mon attention fut attirée par la présence d’une famille que je qualifie de spéciale. Sans connaître leur passé et leur histoire, les lignes et l’éclat du visage des cinq membres que composait cette famille me laissaient tout deviner. Ils venaient de loin. Très loin. Oui! C’est ce que je me disais avant d’avoir les premiers indices. Cette cérémonie était le couronnement d’un parcourt. La fin d’une histoire et le début d’une autre pour eux. J’ai été frappée par la paix, la pureté, et la force qui se dégageait de leur âme. A la fin j’ai appris qu’il venait du Darfour, Soudan, Ça vous dit quelque chose le Darfour? Les Janjawids? Bien c’est de là qu’ils viennent. Voilà ils viennent de quelque part labàs. Ce quelque part labàs ou devenir citoyen canadien signifiait beaucoup. Bref! Le héros de ce bout histoire c’est le père de cette famille. Il incarnait tout mais il incarnait surtout la fierté. Il était le PÈRE pour ses trois enfants et sa femme. Pour moi il était le héros. Malgré son accoutrement, ses cheveux à frisures ébouriffés, son allure peu occidentale, c’est lui mon héros. Et je l’admire. Tout le long, j’ai épié ces gestes, ses allers et venue dans la salle. Cet homme élancé de race noire, aux pas assurés et ordonnés devait être à la fin de la quarantaine. Je me disait : voici un Homme. Qui n’a rien perdu malgré tout ce parcourt. Voici un Homme qui reste père et mari malgré les humiliations vécues. Malgré les longues files d’attente pour deposer sa candidature à la citoyenneté canadienne. Un vrai parcourt de combattant. Je suppose qu’il s’est trouvé au Canada comme réfugié parce que rien de son allure ne me disait qu’il était travailleur qualifié. Venir du soudan et être de race noir voulait dire beaucoup. Malgré tout cela mon héros avait fière allure. Pendant les 45 minutes qu’a duré la cérémonie, Je me suis fiée sur ce père pour réapprendre à vivre et surtout changer ma façon de voir le monde. Aujourd’hui, c’est lui qui m’a fait sourire. Lui qui n’a certainement jamais baissé les bras. Il marchait droit. Il s’assumait pour ce qu’il était. Aucun geste hasardeux. Il s’est rassuré que sa femme et ses trois enfants soient bien assis. Tous les documents exigés étaient bien préparés dans une grande enveloppe. Toute la salle avait les yeux sur lui. Pourtant lui, Il voulait simplement vivre et était fier d’être ce père pour cette famille. Ce père qui fait VIVRE. C’était un privilège de le voir. Dans le regard de ce monsieur c’était l’histoire de toute l’humanité. Rester digne et fière malgré tout. Vous comprenez que c’étaient des réfugiés sans doute. Combien de camp ont il pu traversé pour se retrouver là sur ces bancs, dans la salle de leur rêve au cœur de l’Amérique? Son épouse, une dame un peu rondelette que la tête voilée ne laissait apparaître que de la timidité elle a tassé un peu son voile pour prendre quelques photos sous le regard distrait de son mari. Leurs trois enfants dont une fille et deux garçons d’environ 13 à 15 ans habillés à la mode américaine vielle de 10 ans. Tout cela n’avait aucune importance. Eux devaient tous se dire : Notre père est aux commandes. Notre père est le plus fort, le plus beau... Toute la salle ne remarquait certainement pas les mêmes choses en ce monsieur. Tout le temps, il n’a pas dit un mot à sa femme et ses enfants. Ils n’avaient pas besoin de se parler puisque tous les cinq, ils comprenaient tout. Ils se comprenaient. Ils savaient d’où ils venaient et pourquoi ils étaient là. Tout était respect et harmonie dans l’attitude de cette famille. Le père veillait au grain. Je me souviens un moment donné, l’officier de la cérémonie énumérait les pays représentés par aspirant à la citoyenneté (pour souligner la diversité culturelle du Canada). Au beau milieu de la liste, l’officier a pris une pause respiratoire de quelques secondes. Mon héros est sorti de sa coquille, à lever sa main il s’inquiétait du fait que son pays n’ai pas été cité pourtant il est là aussi. T’inquiète lui a répondu l’officier « je ne suis qu’à la moitié de ma liste. Je ne t’ai pas oublié. » Mon héros est toujours aussi fière d’être canadien mais il ne veut pas qu’on oublie d’où il vient le Soudan qu’il a fuit mais qui reste dans sa mémoire.

Maintenant qu'il est citoyen du monde, il n’aimerait surtout pas qu’on oublie le Darfour et qu’on se souvienne qu'il y reste encore des gens qui attendent de ne pas se faire oublier.
Et vous mes amis lecteurs, j’espère que vous n’oublierez pas ce père. Rien n’a jamais été acquis pour lui. Alors, il ne prend rien pour acquis

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci de nous faire partager des moments d'émotion aussi intense cela me rapelle un épisode de la fiction "pure laine" avait essayé de retranscrire.